dimanche 13 avril 2008
HÉRACLITE, Fragments
HÉRACLITE, Fragments - avec indication des sources -
traduction française de TANNERY (1887)
Sextus Empiricus, Contre les mathématiciens, VII 132
1. Ce verbe, qui est vrai, est toujours incompris des hommes, soit avant qu’ils ne l’entendent, soit alors qu’ils l’entendent pour la première fois. Quoique toutes choses se fassent suivant ce verbe, ils ne semblent avoir aucune expérience de paroles et de faits tels que je les expose, distinguant leur nature et disant comme ils sont. Mais les autres hommes ne s’aperçoivent pas plus de ce qu’ils font étant éveillés, qu’ils ne se souviennent de ce qu’ils ont fait en dormant.
Sextus Empiricus, Contre les mathématiciens, VII 133
2. Aussi faut-il suivre le (logos) commun ; mais quoiqu’il soit commun à tous, la plupart vivent comme s’ils avaient une intelligence à eux.
Aétius, Opinions, II, 21, 4
3. (le soleil) sa largeur est d’un pied.
Albert le Grand, De uegetabilibus, VI, 401
4. Si felicitas esset in delectationibus corporis, boues felices diceremus, cum inveniant orobum ad comedendum.
Anatolius [cod. Mon.gr.384, f, 58]
4a. Célébrer des sacrifices sanglants ne sert pas plus a nous purifier que la boue ne laverait la tache qu’elle a faite.(Léon Robin)
Fragmente Griechischer Theosophien, 68
5. Ils prient de telles images; c’est comme si quelqu’un parlait avec les maisons, ne sachant pas ce que sont les dieux ni les héros.(Léon Robin)
Aristote, Météorologiques, B 2, 355a 13
6. (le soleil) chaque jour nouveau.
Aristote, De sensu, 5, 443a 23
7.Si toutes choses devenaient fumée, on connaîtrait par les narines.
Aristote, Ethique à Nicomaque, Θ, 2, 1155b4
8. Ce qui est contraire est utile; ce qui lutte forme la plus belle harmonie; tout se fait par discorde. (Léon Robin)
Aristote, Ethique à Nicomaque, K5, 1176a7
9. L’âne choisirait la paille plutôt que l’or.
Ps. Aristote, Traité du Monde, 5. 396b7
10. Joignez ce qui est complet et ce qui ne l’est pas, ce qui concorde et ce qui discorde, ce qui est en harmonie et en désaccord ; de toutes choses une et d’une, toutes choses.
Ps.- Aristote, Traité du monde, 6, 401, a 8s.
11. Tout reptile se nourrit de terre.
Arius Didyne dans Eustèbe, Préparation évangélique, XV, 20, 2.
12. A ceux qui descendent dans les mêmes fleuves surviennent toujours d’autres et d’autres eaux.
Clément, Protreptique, 34, 5 .
15. Car, si ce n’était pas de Dionysos qu’on mène la pompe, en chantant le cantique aux parties honteuses, ce serait l’acte le plus éhonté, dit Héraclite ; mais c’est le même, Hadès ou Dionysos, pour qui l’on est en folie ou en délire.
Clément; Pédagogue, 99, 5.
16. Qui se cachera du feu qui ne se couche pas ?
Clément, Stromates, II, 8, 1.
17. Ce n’est pas ce que pensent la plupart de ceux que l’on rencontre; ils apprennent, mais ne savent pas, quoiqu’ils se le figurent à part eux.
Clément, Stromates, II, 24, 5.
18. Sans l’espérance, vous ne trouverez pas l’inespéré qui est introuvable et inaccessible.
Clément, Stromates, II, 24, 5.
19. Ils ne savent ni écouter ni parler.
Clément, Stromates, III, 14, 1.
20. Quand ils sont nés, ils veulent vivre et subir la mort et laisser des enfants pour la mort.
Clément, Stromates, IV, 2, 4, 2.
22. Ceux qui cherchent l’or fouillent beaucoup de terre pour trouver de petites parcelles.
Clément, Stromates, IV, 10, 1.
23. On ne connaîtrait pas le mot de justice, s’il n’y avait pas de perversité.
Clément, Stromates, IV, 4, 16, 1.
24. Les dieux et les hommes honorent ceux qui succombent à la guerre.
Clément, Stromates, IV, 7, 49, 3.
25. Les plus grands morts obtiennent les plus grands sorts.
Clément, Stromates, IV, 141, 2.
26. L’homme dans la nuit, allume une lumière pour lui-même ; mort, il est éteint. Mais vivant, dans son sommeil et les yeux éteints, il brûle plus que le mort ; éveillé, plus que s’il dort.
Clément, Stromates, IV, 22, 144, 3.
27. Les hommes n’espèrent ni ne croient ce qui les attend après la mort.
Clément, Stromates, V, 1, 9, 3.
28. L’homme éprouvé sait conserver ses opinions ; le châtiment atteindra les artisans de mensonge et les faux témoins.
Clément, Stromates, V, 14, 104, 2.
30. Ce monde été fait, par aucun des dieux ni par aucun des hommes ; il a toujours été et sera toujours feu éternellement vivant, s’allumant par mesure et s’éteignant par mesure.
Clément, Stromates, V, 14, 104, 3.
31. Les changements du feu sont d’abord la mer, et, de la mer, pour moitié terre, moitié prestère. La mer se répand et se mesure au même compte qu’avant que la terre ne fût.
Clément, Stromates, V, 115, 1.
32. L’un, qui seul est sage, veut et ne veut pas être appelé du nom de Zeus.
Clément, Stromates, V, 14, 115, 2.
33. La loi et la sentence est d’obéir à l’un.
Clément, Stromates, V, 115, 3. & Préparation évangélique, XIII, 13, 42.
34. Les inintelligents qui écoutent ressemblent à des sourds ; le proverbe témoigne que, tout présents qu’ils soient, ils sont absents.
Clément, Stromates, VI, 17, 2.
36. Pour les âmes, la mort est de devenir eau ; pour l’eau, la mort est de devenir terre ; mais de la terre vient l’eau, de l’eau vient l’âme.
Diogène Laërce, Vies des philosophes, I, 88.
39. Dans Priène, vivait Bias, fils de Teutame, dont on parle plus que des autres.
Diogène Laërce, Vies des philosophes, IX, 1.
40. La polymathie n’enseigne pas l’intelligence; elle eût enseigné Pythagore,
Xénophane et Hécatée.
Diogène Laërce, Vies des philosophes, IX, 1.
41. II n’y a qu’une chose sage, c’est de connaître la pensée qui peut tout gouverner partout.
Diogène Laërce, Vies des philosophes, IX, 2.
43. Mieux vaut étouffer la démesure qu’un incendie.
Diogène Laërce, Vies des philosophes, IX, 2.
44. Le peuple doit combattre pour la loi comme pour ses murailles.
Diogène Laërce, Vies des philosophes, IX, 7.
46. La présomption est une maladie sacrée.
Hippolyte, Réfutation des toutes les hérésies, IX, 9, 1.
50. Ce n’est pas à moi, mais au logos qu’il est sage d’accorder que l’un devient toutes choses.
Hippolyte, Réfutation des toutes les hérésies, IX, 9, 2.
51. Ils ne comprennent pas comment ce qui lutte avec soi-même peut s’accorder. L’harmonie du monde est par tensions opposées, comme pour la lyre et pour l’arc.
Hippolyte, Réfutation des toutes les hérésies, IX, 9, 4.
52. L’Éternel est un enfant qui joue à la pettie ; la royauté est a un enfant.
Hippolyte, Réfutation des toutes les hérésies, IX, 9, 4.
53. La guerre est père de tout, roi de tout, a désigné ceux-ci comme dieux, ceux-là comme hommes, ceux-ci comme esclaves, ceux-la comme libres.
Hippolyte, Réfutation des toutes les hérésies, IX, 9, 5.
54. Il y a une harmonie dérobée, meilleure que l’apparente et où le dieu a mêlé et profondément caché les différences et les diversités.
Hippolyte, Réfutation des toutes les hérésies, IX, 9, 15.
55. Ce qu’on voit, ce qu’on entend, ce qu’on apprend, voilà ce que j’estime davantage.
Hippolyte, Réfutation des toutes les hérésies, IX, 9, 6.
56. Les hommes se trompent pour la connaissance des choses évidentes, comme Homère qui fut le plus sage des Grecs. Des enfants, qui faisaient la chasse à leur vermine, l’ont trompé en disant: « Ce que nous voyons et prenons, nous le laissons; ce que nous ne voyons ni prenons, nous l’emportons ».
Hippolyte, Réfutation des toutes les hérésies, IX, 10, 2.
57. La foule a pour maître Hésiode ; elle prend pour le plus grand savant celui qui ne sait pas ce qu’est le jour ou la nuit ; car c’est une même chose.
Hippolyte, Réfutation des toutes les hérésies, IX, 10, 3.
58. Les médecins taillent, brûlent, torturent de toute façon les malades et, leur faisant un bien qui est la même chose qu’une maladie, réclament une récompense qu’ils ne méritent guère.
Hippolyte, Réfutation des toutes les hérésies, IX, 10, 4.
60. Un même chemin en haut, en bas.
Hippolyte, Réfutation des toutes les hérésies, IX, 10, 5.
61. La mer est l’eau la plus pure et la plus souillée ; potable et salutaire aux poissons, elle est non potable et funeste pour les hommes.
Hippolyte, Réfutation des toutes les hérésies, IX, 10, 6.
62. Les immortels sont mortels et les mortels, immortels ; la vie des uns est la mort des autres, la mort des uns, la vie des autres.
Hippolyte, Réfutation des toutes les hérésies, IX, 10, 6.
63. De là ils s’élèvent et deviennent gardiens vigilants des vivants et des morts.
Hippolyte, Réfutation des toutes les hérésies, IX, 10, 7.
64. La foudre est au gouvernail de l’univers.
Hippolyte, Réfutation des toutes les hérésies, IX, 10, 7.
65. Le feu est indigence et satiété.(Léon Robin)
Hippolyte, Réfutation des toutes les hérésies, IX, 10, 7.
66. Le feu survenant jugera et dévorera toutes choses.
Hippolyte, Réfutation des toutes les hérésies, IX, 10, 7.
67. Le dieu est jour-nuit, hiver-été, guerre-paix, satiété-faim. Il se change comme quand on y mêle des parfums ; alors on le nomme suivant leur odeur.
Marc Aurèle, Pensées, IV, 46 ; Maxime de Tyr. XII ; Plutarque de E. 18. 392c.
76. Mort du feu, naissance pour l’air ; mort de l’air, naissance pour l’eau.
Celse, dans Origène, Contre Celse, VI, 12.
78. Le naturel humain n’a pas de raison, le divin en a.
Celse, dans Origène, Contre Celse, VI, 42.
80. Il faut savoir que la guerre est commune, la justice discorde, que tout se fait et se détruit par discorde.
Platon, Hippias majeur, 289 a.
82. Le plus beau singe est laid en regard du genre humain.
Platon, Hippias majeur, 289 b.
83. L’homme le plus sage parait un singe devant Dieu.
Aristote, Ethique à Eudème, B 7, 1223 b 23 s.
85. Il est difficile de résister à la colère ; elle fait bon marché de l’âme.
Clément, Stromates, V, 13, 88, 4.
86. Cacher les profondeurs de la science est une bonne défiance ; elle ne se laisse pas méconnaître.
Plutarque, De audientis poetis, 28 D.
87. L’homme niais est mis hors de lui par tout discours.
Plutarque, Consolation d’Apollonius, 106 E.
88. Même chose ce qui vit et ce qui est mort, ce qui est éveillé et ce qui dort, ce qui est jeune et ce qui est vieux ; car le changement de l’un donne l’autre, et réciproquement.
Plutarque, Sur l’E de Delphes, 388 DE.
90. Contre le feu se changent toutes choses et contre toutes choses le feu, comme les biens contre l’or et l’or contre les biens.
Plutarque, Sur l’E de Delphes, 392 B.
91. On ne peut pas descendre deux fois dans le même fleuve.
Plutarque, Sur les oracles de la Pythie 397 A.
92. La sibylle, de sa bouche en fureur, jette des paroles qui ne font pas rire, qui ne sont pas ornées et fardées, mais le dieu prolonge sa voix pendant mille ans.
93. Le dieu dont l’oracle est à Delphes ne révèle pas, ne cache pas, mais il indique.
94. Le Soleil ne dépassera pas les mesures ; sinon, les Erynnies, suivantes de Zeus, sauront bien le trouver.
95. II vaut mieux cacher son ignorance; mais cela est difficile quand on se laisse aller à l’inattention ou a l’ivresse.
96. Les morts sont à rejeter encore plus que le fumier.
97. Les chiens aboient après ceux qu’ils ne connaissent pas.
98. Les âmes flairent dans l’Hadès.
99. Sans le Soleil, on aurait la nuit.
101. Je me suis cherché moi-même.
104. Quel est leur esprit ou leur intelligence ?
107. Ce sont de mauvais témoins pour les hommes que les yeux et les oreilles quand les âmes sont barbares.
108. De tous ceux dont j’ai entendu les discours, aucun n’est arrivé à savoir que ce qui est sage est séparé de toutes choses.
110. II n’est pas préférable pour les hommes de devenir ce qu’ils veulent.
111. C’est la maladie qui rend la santé douce et bonne ; c’est la faim qui fait de même désirer la satiété, et la fatigue, le repos.
114. Ceux qui parlent avec intelligence doivent s’appuyer sur l’intelligence commune à tous, comme une cité sur la loi, et même beaucoup plus fort. Car toutes les lois humaines sont nourries par une seule divine, qui domine autant qu’elle le veut, qui suffit à tout et vient à bout de tout.
117. L’homme ivre est guidé par un jeune enfant ; il chancelle, ne sait où il va ; c’est que son âme est humide.
118. Où la terre est sèche, est l’âme la plus sage et la meilleure.
L’âme sèche est la plus sage et la meilleure.
L’âme la plus sage est une lueur sèche.
C’est l’âme sèche, la meilleure, celle qui traverse le corps comme un éclair la nuée.
119. Le caractère pour l’homme est le daimone.
120. De l’aurore et du soir les limites sont l’Ourse, et, en face de l’Ourse, le Gardien de Zeus sublime (l’Arcture).
121. Les Ephésiens méritent que tous ceux qui ont âge d’homme meurent, que les enfants perdent leur patrie, eux qui ont chassé Hermodore, le meilleur d’entre eux, en disant: « Que parmi nous il n’y en ait pas de meilleur; s’il y en a un, qu’il aille vivre ailleurs ».
129. Pythagore, fils de Mnésarque, plus que tout homme s’est appliqué a l’étude, et recueillant ces écrits il s’est fait sa sagesse, polymathie, méchant art.